L’album du GP Explorer 3 : quand la musique devient une extension de marque
La musique comme langage de marque : c’est le pari réussi du GP Explorer 3. Pensé comme la bande originale d’une aventure collective, The Last Race dépasse le simple album pour devenir un souvenir partagé et un symbole d’attachement.
En 2020, Squeezie sortait Oxyz, son premier album solo. Production soignée, collaborations prestigieuses, clips léchés… et pourtant, l’accueil fut mitigé par la critique, même s’il cumule aujourd’hui plusieurs dizaines de millions d’écoutes sur Spotify.
Pas assez incarné par une histoire, Oxyz semblait tomber comme un cheveu sur la soupe.
Un projet ambitieux, certes, mais sorti sans véritable raison d’être.
Cinq ans plus tard, le créateur récidive — cette fois avec un album collectif, né d’un événement déjà culte : le GP Explorer 3.
Là, tout change.
La sortie de The Last Race, produite par SCH s’impose dès les premiers jours dans les tops français. Le single “Un monde à l’autre” décroche une certification single d’or en moins de deux semaines, l’un des démarrages les plus rapides de l’année.
Et surtout, cette fois, le public suit.
Pourquoi cet album a-t-il suscité un tel engouement alors que le précédent n’avait pas trouvé son public ?
Parce que The Last Race n’est pas un projet musical comme les autres.
C’est une capsule émotionnelle, une prolongation d’un moment collectif qui a déjà fait vibrer des millions de personnes.
Avant, pendant, après : l’album comme fil émotionnel
Avant : la musique comme déclencheur d’attente
Quelques semaines avant le GP Explorer 3, le teaser de The Last Race est diffusé.
Et, élément inattendu, la musique est produite par SCH, avec la participation de Gims, La Mano 1.9, Vald et bien d’autres artistes.
Publié sur les réseaux, il pose immédiatement l’ambiance : un ton épique, une identité visuelle forte, une émotion de “dernière fois” qui prend aux tripes, des images de nos créateurs favoris, filmés comme de véritables athlètes. Difficile de choisir son écurie tant le casting est fort.
Le teaser n’annonce pas seulement l’arrivée imminente du GP Explorer. Il annonce subtilement la sortie prochaine de l’album produit par SCH, dont certains extraits deviennent viraux avant même leur diffusion intégrale.
En quelques jours, la communauté associe déjà ce son à l’événement à venir — preuve que la musique prépare le terrain émotionnel avant même la course.
Ce choix crédibilise immédiatement le projet. Il inscrit le GP Explorer dans une logique de création culturelle, pas seulement comme un simple événement.
Avant même le jour J, les futurs spectateurs entendent déjà les sonorités, les refrains, les ambiances : une préparation émotionnelle qui place la communauté sur le même rythme.
Et, d’un point de vue stratégique, c’est un coup de maître : le GP Explorer fait la promotion naturelle de l’album et… l’album fait la promotion de l’événement.
Une boucle parfaite qui s’auto-alimente en continu.
On ne parle plus de publicité, mais d’un conditionnement sensoriel : le son devient un vecteur d’excitation, de curiosité et de fierté collective.
Pendant : la bande-son d’un moment vécu
Pendant la course, la musique n’est pas un simple habillage : elle devient le langage émotionnel de l’événement. Les morceaux accompagnent les temps forts, les séquences de stress, les ralentis, les victoires. Toute la foule chante The Last Race, diffusé avec le teaser juste avant le lancement des hostilités chaque journée.
Les émotions sont intenses tout le week-end.
Les neurosciences confirment ce phénomène : lorsqu’une musique est liée à une expérience intense, elle s’enracine plus profondément dans la mémoire émotionnelle.
Le cerveau fait le lien entre le son et le souvenir visuel — il “rejoue” la scène intérieurement. C’est ce qui rend cette bande originale si efficace : elle agit comme une mémoire auditive partagée.
Après : transformer la nostalgie en attachement
Lorsque Squeezie annonce que le GP Explorer 3 sera la dernière édition, le public ressent immédiatement un vide.
The Last Race vient combler cet espace : il permet de continuer à “vivre” l’événement comme si on y était.
On peut l’écouter en travaillant, en voiture, en salle de sport et, à chaque fois, ressentir un écho du week-end vécu ensemble.
L’album devient une bande-son de nostalgie : une façon de rester connecté à l’émotion du GP Explorer, même après la ligne d’arrivée.
Et, d’un point de vue stratégique, il prolonge la vie médiatique du GP Explorer, en maintenant la conversation et l’attachement bien après la course.
Le virage collectif de Squeezie
Oxyz, un album trop centré sur l’ego
Oxyz a souffert du syndrome du personnage principal : tout tournait autour de Squeezie, sans que le public n’arrive à trouver sa place.
Ce n’est pas un problème d’ego — après tout, certains artistes comme Michael Jackson ou Stromae incarnent pleinement leur œuvre.
La différence, c’est qu’ils transforment leur “je” en “nous”.
Ici, Squeezie racontait surtout son envie d’être artiste, pas une émotion collective à laquelle se raccrocher.
L’album manquait d’un ancrage commun, d’un espace dans lequel chacun puisse se projeter.
The Last Race : Squeezie s’efface, l’univers prend le relais
C’est tout l’inverse ici.
Squeezie délègue la direction artistique à SCH, s’entoure d’autres artistes, et ne signe pas le projet sous son nom. L’album n’est pas “de Squeezie” : il est “du GP Explorer”.
Il ne parle pas de lui, mais d’une aventure. Celle partagée par les pilotes, les créateurs, les spectateurs, ensemble.
Ce repositionnement change tout.
Squeezie n’est plus l’artiste au cœur d’un album, mais le créateur d’un monde où d’autres peuvent exister. C’est exactement ce que fait une marque forte : elle s’efface pour devenir un terrain d’expression collectif.
Résultat ?
Le public ne consomme pas une œuvre, il prolonge une appartenance.
On écoute The Last Race parce qu’on a vécu le GP Explorer — ou parce qu’on aurait aimé y être.
L’émotion comme stratégie : l’art du bon format au bon moment
Le succès de The Last Race n’est pas dû au hasard.
C’est la convergence de trois éléments parfaitement synchronisés :
- Un moment d’intensité collective grâce à la course.
- Un format de prolongement émotionnel grâce à la musique.
- Et une posture humble de son initiateur, qui laisse l’univers parler à sa place.
L’album devient un outil de fidélisation émotionnelle : il transforme un souvenir en lien durable.
Et c’est là que se trouve la leçon marketing la plus forte.
Les marques — et pas seulement les créateurs — peuvent s’en inspirer :
Ici, le succès ne repose pas sur la répétition d’un message, mais sur la répétition d’une émotion.
Quand la marque devient souvenir.
Le single “Un monde à l’autre”, sorti le 11 septembre 2025, est certifié or en moins de deux semaines — l’un des records de l’année.
En quelques jours, The Last Race s’impose dans les classements français, confirmant que ce projet collectif a su fédérer bien au-delà du public de Squeezie.
Et le GP Explorer 3, diffusé en direct sur Twitch, a rassemblé plus de 1,4 million de spectateurs simultanés, établissant un nouveau record francophone. Sans parler de la couverture par France TV !
Ce n’est pas qu’un événement sportif.
C’est une démonstration de ce que devient la communication moderne :
un espace où le divertissement, la culture et la stratégie de marque se confondent.
Le premier album de Squeezie tentait d’exister sans ancrage, sans ce récit commun qui donne du sens à la musique.
The Last Race, lui, s’inscrit dans une histoire déjà partagée.
C’est un coup de com’ juste.
Un projet pensé comme une extension d’univers, capable de faire durer l’émotion bien au-delà de la course.
L’album devient le lien entre ce qui a été vécu et ce qu’on continue à ressentir. Parce que ce qu’on retient d’une marque, ce n’est pas le message, c’est la trace émotionnelle qu’elle laisse derrière elle.
Une marque forte ne cherche pas à briller, elle crée quelque chose dans quoi les gens veulent se retrouver.
Et dans ce sens, le GP Explorer 3 n’a pas seulement gagné une course : il a signé l’un des plus beaux coups de communication de ces dernières années, celui qui transforme une émotion en culture partagée.